Air Algérie : que s’est-il passé à l’aéroport de Lyon en 2019 ?

Un avion d'Air Algérie sur le tarmac (Par Tobias Arhelger - stock.adobe.com)

Le 14 novembre 2019, un avion de la compagnie Air Algérie, transportant des passagers sur un vol commercial entre Lyon et Annaba, s’est vu contraint d’interrompre son décollage en plein lancement sur la liste de l’aéroport français.

Sans cet arrêt brutal de son démarrage, ce Boeing 737-800 appartenant à Air Algérie aurait pu percuter un véhicule mis en place pour déneiger les pistes.

Vingt mois après les faits, le Bureau d’enquêtes et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) français a publié, ce mardi 7 septembre, le rapport final expliquant comment cet incident a pu avoir lieu à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

Confusion dans la transmission des informations

Cet incident qui s’est produit en 2019 n’a heureusement fait aucune victime humaine ou de dégâts matériels malgré le danger qu’il a représenté.

Ce genre d’incident est pris très au sérieux par le BEA afin d’éviter à l’avenir ce genre de situation de crise qui aurait pu avoir des conséquences tragiques. Selon le rapport du BEA, cet incident est dû à un croisement d’autorisations octroyées de manière simultanée, à l’appareil d’Air Algérie et des véhicules de déneigement.

Le 14 novembre 2019, la région de Lyon a connu un important épisode neigeux. Dans ce contexte, l’aéroport Saint-Exupéry met en place une procédure de déneigement des pistes afin de ne pas entraver les atterrissages et les décollages.

Ce soir-là, à 22h30, des déneigeuses ont été autorisées à pénétrer sur une piste de décollage pour terminer leur opération. Or au même moment, sur une seconde fréquence, un contrôleur a donné le feu vert à l’équipage du Boeing d’Air Algérie pour emprunter cette même piste.

L’erreur commise a tout de suite été repérée par le contrôleur qui a aperçu les déneigeuses sur l’écran radar au sol et à l’extérieur. Ce dernier a prévenu à temps l’équipage Air Algérie, en annulant l’autorisation de pénétrer sur la piste. Les pilotes d’Air Algérie ont su parfaitement réagir dans l’urgence et ont pu annuler leur décollage à temps, en décélérant à temps malgré sa prise de vitesse.

Surcharge de travail, méconnaissance de ce type de situation

La cause de cet incident serait essentiellement humaine, puisque ce sont les informations que le personnel a transmises au mauvais moment, qui sont responsables de cet imbroglio.

Le rapport du BEA qui a analysé chaque détail de cet incident a permis de soulever les principaux problèmes qui ont mené à cette situation. D’après le BEA, une série de critères ont participé à cette perturbation de la communication.

Le bureau a soulevé une importante surcharge de travail dans un contexte exceptionnel, à savoir des neiges précoces pour la région. Les fonctions des membres du personnel de l’Aéroport Saint-Exupéry auraient été mal définies.

Le BEA souligne le manque d’expérience et de recul sur la gestion de ce type de situation. En effet, le plan prévu pour gérer l’enneigement des pistes aurait été trop déconnecté de la réalité. La piste où s’est produit l’incident n’aurait pas dû être rouverte aux avions, alors que le travail des déneigeuses n’était pas terminé. Il évoque également un mauvais schéma de circulation des déneigeuses et une utilisation non efficiente des fréquences pour communiquer avec ce type d’appareil pour déneiger les pistes.

Après cet incident, l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry a prévu des mesures pour éviter que cela se reproduise. Parmi elles, le “plan enneigement” a été consolidé en prenant en compte les blocages de l’incident du 14 novembre 2019.

La seule décision réellement mise en place sur le terrain est l’obligation de n’utiliser qu’une seule fréquence pour transmettre les informations aux véhicules manœuvrant sur les pistes lors d’épisodes neigeux.