France : un Ramadan sous le signe de la flambée des prix

Il y a quelques jours, l’INSEE, l’organisme français des statistiques, dévoilait les chiffres de l’inflation en France, qui atteint les 4,5% au mois de mars. Un pourcentage jamais vu depuis 1985 (4,7%).

L’un des secteurs les plus touchés par la hausse est celui de l’alimentation, la guerre en Ukraine ayant fait exploser le cours des matières premières et en pleine période de Ramadan, mois du partage et des traditionnels repas en famille à la nuit tombée, les musulmans de France doivent composer avec la flambée des prix.

Pour Sophia, marocaine installée à Paris depuis ses études, cela se ressent très nettement : « A la fin des courses, la note du ticket de caisse est salée. On achète quatre produits à peine et on paye 25 euros. Même la baguette tradition de la boulangerie est passée à 1 euros 90 c’est presque le double de d’habitude. Pas évident quand on veut se faire plaisir pendant Ramadan ou inviter la famille à sa table car cela touche les aliments essentiels. »

Une inflation qui tombe mal

Les fruits et les légumes frais sont également impactés par la hausse des prix : il faut compter en moyenne 2 euros de plus au kilo par rapport au tarif habituel. Courgettes, poivrons, tomates… Tout ce qui est nécessaire pour cuisiner les plats de base pendant le Ramadan.

Démarrer ce mois de jeûne avec une flambée des denrées alimentaires est problématique pour beaucoup de Maghrébins résidant en France. C’est le cas de Yassine, Algérien de 37 ans, qui a grandi à Aubervilliers dans la banlieue parisienne. « Il n’y a plus d’huile, bientôt on va cuisiner avec de la terre ! C’est trop cher. Même dans les magasins discount comme Lidl les prix ont flambé, que ce soit le fromage ou le plateau d’œufs qui passe à 5 euros. »

Le prix du carburant empiète également sur le budget courses, car les foyers doivent continuer à mettre de l’essence dans leur voiture au quotidien mais le coût est beaucoup plus conséquent qu’il y a encore quelques semaines, et cela ne laisse plus beaucoup de moyens pour les achats alimentaires.

Au-delà de l’inflation, c’est aussi la possible pénurie qui inquiète les musulmans de France. La Russie et l’Ukraine font partie des principaux exportateurs mondiaux de produits agricoles, comme le blé, l’huile végétale et le maïs. La population craint de voir les étalages de leurs marchands habituels se vider, alors que le mois de Ramadan vient de commencer. Dans plusieurs pays d’Europe, les rationnements ont d’ailleurs commencé pour éviter la rupture de stock.