Hidjab : une campagne européenne défraye la chronique en France
« Le monde ne serait-il pas ennuyeux si tout le monde se ressemblait ? ». Voici le message véhiculé par les affiches de la campagne lancée fin octobre par le Conseil de l’Europe, composée de visuels en anglais mettant en scène des femmes voilées sur une seule moitié de l’image.
D’autres slogans tels que « la beauté est dans la diversité, comme la liberté est dans le hijab » ont fait couler beaucoup d’encre.
C’était prévisible : le hijab associé à la notion de liberté a suscité l’indignation de nombreux politiques mais aussi une avalanche de réactions islamophobes en France. Jugée comme anodine les premiers jours de sa publication, c’est ce mardi 2 novembre que la campagne a déchainé les passions sur les réseaux sociaux.
Un tsunami sur les réseaux sociaux
Co-financée par l’Union européenne dans le cadre de son programme « Droits, Égalité et Citoyenneté », l’opération visait à présenter le voile islamique comme une liberté de culte, un choix et un droit humain. L’objectif : lutter contre la haine anti-musulmans et les discriminations liées au port du hijab.
Passé inaperçu dans les autres pays européens, au pays des Droits de l’Homme, le message a été interprété négativement, y compris par le gouvernement.
Au sein du gouvernement, c’est Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse qui est montée au créneau pour faire part de son « choc » au micro de LCI : « On ne prône pas le hijab comme élément d’identité ou identitaire ».
À droite comme à gauche, les politiciens n’ont pas manqué une nouvelle occasion de s’insurger contre le hijab : tandis que le polémiste et candidat potentiel aux présidentielles 2022 Eric Zemmour dénonce un « jihad publicitaire », le député Nicolas Dupont-Aignan fait dans l’humour en twittant « ceci n’est pas une campagne de propagande des Frères Musulmans mais du Conseil de l’Europe ».
Le maire de Nice Eric Ciotti parle de « négation de nos racines judéo-chrétiennes, de notre civilisation, de l’esprit des Lumières », et Valérie Pécresse la présidente de la Région Ile de France martèle quant à elle que le voile « n’est pas un vêtement comme un autre, il n’est pas un symbole de liberté mais de soumission ».
Le port du voile, un sujet sensible en France
C’est un euphémisme de qualifier le sujet de « touchy ». En France, même si le voile islamique n’est pas interdit dans l’espace public, il est régulièrement dans le collimateur des « défenseurs de la laïcité », qui n’en ont visiblement pas cerné la correcte définition.
Face à la pression, le Conseil de l’Europe a été contraint d’éteindre le feu en retirant la campagne. La tentative de sensibiliser au respect de l’inclusion et combattre tout discours de haine est donc tombée à plat.
“Nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet“, a conclu, dépité, le Conseil dans un communiqué transmis à l’AFP.