Le Canada a longtemps fait partie des destinations d’immigration préférées des Algériens, mais il semble aujourd’hui ne plus tenir ses promesses.
Au premier semestre 2025, plus de 1.800 ressortissants algériens ont obtenu la citoyenneté canadienne, d’après les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
Au Québec, la diaspora algérienne est la deuxième plus importante après la communauté française. Mais ces derniers temps, le ton a changé.
Sur les réseaux sociaux, dans des groupes comme « Les Algériens de Montréal », avec ses 400.000 membres sur Facebook, les témoignages désabusés et les appels à l’aide se multiplient.
Le Canada, terre d’accueil devenue trop chère
Une Algérienne qui hésite à traverser l’Atlantique écrit dans le groupe : « J’hésite à venir au Canada. Vie chère, pas de travail, crise de logement… C’est une offre en maîtrise professionnelle donc je devrai payer cher et travailler en parallèle… ».
Un témoignage parmi des dizaines d’autres qui reflètent la réalité économique et sociale du Canada. L’une des plaintes qui reviennent le plus souvent concerne le coût de la vie, en forte hausse ces dernières années.
À Montréal, principale ville du Québec, les prix des loyers atteignent des niveaux record, tandis que les offres d’emploi se font rares, notamment pour les nouveaux arrivants.
Un internaute observe : « La vie est extrêmement chère, et les maisons sont très chères près de Montréal. Les salaires sont bas en général, vous devez toujours vous battre. Allez en Europe, c’est mieux… ».
Un autre intervenant décrit : « La vie est devenue très chère, le système de santé est malade, les maisons et locations sont très chères, les taxes et les impôts partagent avec vous votre salaire ».
Le « projet d’immigration » trop « risqué »
Même des Canadiens ne cachent pas leur découragement, comme cette Québécoise qui affirme : « Je suis Canadienne mariée à un Algérien, je suis infirmière et je suis partie en Algérie. Je ne reviendrais jamais vivre au Québec ».
Il y en a même qui recommandent de s’établir loin de Montréal – « Montréal à bannir, allez plutôt à Longueuil » –, dans des villes où la vie serait plus abordable et le marché du travail moins saturé.
Les plus fragiles restent les étudiants étrangers : ils ne peuvent accéder à l’emploi à plein temps et peinent à subvenir à leurs besoins.
« Un permis d’études ne vous permet pas de travailler à plein temps », avertit un membre du groupe, tandis qu’un autre prévient : « Le projet d’immigration à travers les études et sans les ressources suffisantes est trop risqué ».
« Je ferais mieux de retourner en Algérie »
Face aux difficultés, certains ressortissants décident de faire le chemin inverse et rentrent dans leur pays d’origine. Un jeune étudiant envisage le retour en Algérie après une année d’études.
« Je suis étudiant depuis un an ici et je vais retourner en Algérie, je suis tombé malade et ça m’a remis à zéro, ni argent, ni travail, beaucoup de dettes », dit-il.
Même les petits tracas du quotidien prennent de grandes proportions. Une ressortissante envisage de rentrer en Algérie pour des soins dentaires : « Je me suis fait casser une dent et ça fait 15 jours que je suis ici. Connaissez-vous un dentiste à tarif pas cher ? À ce stade, je ferais mieux de retourner en Algérie ».
Des Algériens installés au Canada depuis plusieurs années conseillent de faire attention aux conditions d’arrivée. Le plus important selon eux est d’avoir de bonnes ressources et des atouts solides.
« Idéalement, venir avec une résidence permanente via un programme d’immigration, car les études c’est cher et le travail manque », nuance l’un d’eux.
