Tourisme : « L’Algérie doit se différencier du Maroc et de la Tunisie »

Alger / Par-mehdi33300 / Adobe Stock pour VVA - Visas & Voyages

Dans le cadre de la stratégie de développement de son secteur touristique, l’Algérie souhaite quintupler le nombre de ses visiteurs annuels d’ici 2030. Mais une approche similaire aux pays voisins, le Maroc et la Tunisie, est-elle envisageable ?

Des experts internationaux préconisent une approche algérienne qui doit différencier cette destination de ses voisines connues pour être des destinations de premier plan dans la région. Voici pourquoi.

La destination Algérie connaît actuellement sa plus forte croissance touristique depuis 20 ans. En 2023, le pays a enregistré, selon les chiffres officiels, un afflux de 3,3 millions de touristes, dont 2,2 millions de touristes étrangers et 1,1 million de membres de la communauté algérienne à l’étranger.

L’Algérie doit se concentrer sur « les touristes haut de gamme »

Au cours du premier trimestre 2024, l’Algérie a accueilli 800 000 visiteurs, avait indiqué le ministre du Tourisme en mai dernier, soulignant qu’il s’agissait uniquement de touristes étrangers et non pas des membres de la communauté nationale à l’étranger.

À titre de comparaison, la Tunisie a accueilli l’année dernière 9 millions de visiteurs et le Maroc 14,5 millions. Au cours du premier trimestre 2024, le Maroc a reçu 3 millions de visiteurs. En termes d’arrivée, l’Algérie reste donc encore loin derrière ses voisins, mais les chiffres sont en constante hausse. 

Une situation qui s’explique en premier lieu par la politique de visa appliquée par l’Algérie. Contrairement au Maroc et la Tunisie, les touristes européens sont soumis au visa pour voyager en Algérie.

Pour mieux développer son secteur, des experts internationaux préconisent une approche différente de celles du Maroc et de la Tunisie, en donnant une priorité au tourisme haut de gamme. Pour eux, cette approche devrait permettre au pays d’éviter le piège du tourisme de masse.

Pour Harry van Schaick, rédacteur en chef pour l’Afrique à l’Oxford Business Group, cité par le média Arabian Gulf Business Insight (AGBI), « le secteur touristique algérien dispose d’une grande marge de progression ».

Cependant, « la priorité devrait être de s’assurer que cette progression provient du segment le plus supérieur du marché », c’est-à-dire du tourisme haut de gamme. Cette approche, explique le spécialiste, permet de réduire la pression sur l’environnement, le logement et les autres infrastructures.

L’Algérie doit « se différencier du modèle de tourisme de masse du Maroc et de la Tunisie »

Pour l’Algérie, qui n’a pas l’habitude d’accueillir des masses de touristes, poursuit-il, cette approche permet d’atténuer les effets négatifs d’un afflux soudain d’étrangers sur la population locale.

Et pour parvenir à attirer davantage de touristes haut de gamme, il conseille de faire du marketing à l’étranger et d’investir dans le pays.

Vincenzo Zappino, associé principal de Target Euro, une société de conseil spécialisée dans la croissance sociale et économique par le tourisme, estime que l’Algérie doit « se différencier du modèle de tourisme de masse adopté par ses voisins, la Tunisie et le Maroc ».

Ce spécialiste explique que cette démarche implique d’accroître l’accessibilité, d’améliorer l’hébergement et d’adapter l’offre touristique elle-même. Pour lui, le pays devrait chercher à renforcer les produits touristiques existants, comme les offres culturelles et gastronomiques, et à explorer les moyens d’exploiter les innovations pour améliorer les expériences.

« Cela pourrait inclure, à titre d’exemple, la technologie 3D dans les musées, ou la création d’itinéraires numérisés pour les amateurs de trekking et de motocyclisme », préconise l’intervenant. Mais le plus important, selon lui, c’est d’améliorer d’abord l’accès à l’intérieur du pays.