Un Algérien jugé pour avoir tenté de tuer sa fille en France
Le procès de Samir B. s’est ouvert ce lundi 27 septembre pour quatre jours devant la cour d’assises de Paris. Sur fond de conflit conjugal, cet Algérien de 42 ans comparaît pour tentative de meurtre sur sa fille, rapporte le journal Le Parisien.
Les faits remontent à près de trois ans. Le 18 décembre 2018, vers la porte de Vincennes, près de Paris, Samir B. jette sa fille alors âgée de 2 ans et 10 mois au-dessus du pont enjambant le périphérique. À son tour, il se jette dans le vide.
Derrière, la mère de la fillette, Hawa B., hurle d’effroi. Sa fille vient de faire une chute de plus de 7 mètres.La maman se précipite vers les escaliers en colimaçon accolés à la rampe de sortie des voitures et découvre que sa fille a miraculeusement survécu. En effet, elle a chuté sur une voie de dégagement, et non sur une voie de circulation.
Le lendemain, Hawa raconte aux enquêteurs qu’elle réussit à récupérer sa fille avant que son père, grièvement blessé mais sur ses deux jambes, ne l’attrape. Un autre témoin raconte avoir ensuite vu Samir « fortement alcoolisé », « déambuler sur les voies routières du périphérique ».
Transportée à l’hôpital Necker pour enfants, dans le 15ème arrondissement de Paris, avec un pronostic vital engagé après sa chute, l’état de l’enfant, âgée de 5 ans aujourd’hui, « n’est pas consolidé, mais elle va plutôt bien, alors qu’on aurait pu craindre le pire », déclare Maître Dominique Alric, l’avocate de la mère, dans les colonnes du Parisien.
Des violences répétées et de l’alcool
Le couple s’est marié en 2014 en Algérie. Très vite, après la naissance de leur fille, les violences physiques et sexuelles ont débuté. C’est pourquoi Hawa avait décidé de se séparer de Samir. Elle assure qu’il « avait le vin mauvais ». De son côté, l’accusé déclare qu’Hawa aurait changé suite à son nouveau travail et qu’elle cherchait « les problèmes ».
Deux plaintes avaient pourtant été déposées par la mère de famille. Elle affirme avoir retiré la première sous la pression de sa belle-famille. Elle dépose la seconde quinze jours avant les terribles faits, après avoir été « giflée et étranglée ». Dès le lendemain, Samir va chercher sa fille à l’école et menace sa mère de tuer la fillette, en même temps que lui.
Alors sous contrôle judiciaire pour violences conjugales, il arrive tout de même, le soir du drame, à convaincre sa femme de voir sa fille pour lui offrir un cadeau avant son départ en Algérie.
Un geste pas intentionnel selon l’accusé
La famille se retrouve alors porte de Vincennes. Hawa explique aux enquêteurs qu’elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond…et pour cause. Ivre, Samir prend la fillette dans les bras et lance un menaçant « Tu vois ! » en kabyle, selon les dires d’Hawa, qui assure que son époux n’aurait pas supporté qu’elle veuille se séparer de lui. S’en prendre à leur fille, « c’était une façon de me faire du mal à moi, en passant par elle ». Une attitude courante dans les drames familiaux de ce genre.
Côté défense, l’accusé affirme que ce geste n’était pas intentionnel, reconnaissant toutefois avoir été en colère après qu’Hawa lui dise qu’il n’était pas le père de sa fille. Ces propos sont réfutés par la mère de la petite fille.
Samir B. risque 30 ans de réclusion criminelle. Des circonstances aggravantes – tentative de meurtre sur mineur ou sur ascendant, en l’occurrence – peuvent alourdir la sanction.