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Un ingénieur algérien raconte son « rêve canadien »

Un ingénieur algérien raconte son « rêve canadien »

Photo par somartin / Adobe Stock

Il est jeune, ingénieur en informatique et il a choisi, comme de nombreux talents algériens, de s’installer au Canada. Yacine Kraimia raconte son parcours, de la petite ville côtière de Collo, près de Skikda, jusqu’au Québec où il s’est fait une place au ministère de la Sécurité publique, l’équivalent de notre ministère de l’Intérieur. Ayant connu des difficultés et des entraves en Algérie, il assure qu’au pays du froid, seul le travail paye.

Yacine est né en 1984 à Collo. Il y passera toute son enfance. Une enfance « heureuse », dit-il. Le baccalauréat en poche, le jeune homme qu’il est devenu veut suivre une filière technique, sans trop savoir laquelle. Il n’a pas « les idées claires ». Il intègre donc le tronc commun de technologie de l’université de Skikda. Et il ne tardera pas à trouver sa voie.

« C’est pendant mon année de tronc commun que j’ai réellement découvert et aimé l’informatique. J’ai compris à ce moment-là que je voulais travailler dans ce domaine », affirme Yacine.

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Sur ses quatre années d’études pour devenir ingénieur en informatique, il témoigne : « La formation était très riche mais pas à jour. On utilisait beaucoup les anciennes technologies et on ne suivait pas les évolutions dans le domaine. C’est le principal problème du système éducatif algérien », déplore-t-il.

Empêché d’ouvrir un cybercafé en Algérie

Avec ce qu’il découvre plus tard au Canada, il n’y a pas photo. « En Amérique du Nord, les universités préparent directement les étudiants pour le marché du travail. Lorsqu’on sort de l’université, on est prêt pour l’emploi. On est directement opérationnel. Alors qu’en Algérie, on se base trop sur la théorie et pas assez sur la pratique. Les stages ne sont pas forcément obligatoires, il n’y a pas de laboratoires, pas de matériel, pas d’expériences », compare-t-il.

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À 23 ans, Yacine est déjà ingénieur en informatique. Il souhaite ouvrir un cybercafé, mais il buté sur une « aberration ». « Après avoir obtenu mon diplôme, je suis resté en Algérie. J’ai voulu ouvrir un cybercafé mais cela m’a été interdit. J’ai eu énormément de difficultés. Ma demande a été refusée au motif que pour avoir l’agrément pour une telle activité, il fallait avoir 25 ans », explique-t-il.

« En tant qu’ingénieur d’État en informatique en Algérie, tu peux travailler partout mais pas ouvrir un cybercafé. Je ne comprends pas. C’est quand même triste », déplore Yacine.

En 2009, sa demande pour ouvrir un cybercafé à Skikda étant refusée, le jeune homme décide de quitter le pays et de tenter sa chance à l’étranger.

Cap sur le Canada

Son choix se porte sur le Canada. Il se rapproche des universités du pays, présente une demande de permis d’études, et très vite, il intègre l’université de Laval, dans la ville de Québec. « J’ai suivi la voie classique des étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études au Canada. Je n’ai pas eu de bourse pour partir », précise-il.

Autre différence notable avec les universités algériennes, la charge de travail. « Un module que j’ai étudié en une année en Algérie, je l’ai fait au Canada en une seule séance de trois heures », assure-t-il. « Par contre, souligne-t-il, les examens sont extrêmement simples ici. Pour réussir ses examens, il suffit de bien préparer ses cours, ce qui n’est pas toujours le cas en Algérie ».

Il fait donc ce qu’il faut et décroche son diplôme, puis un poste au ministère de la Sécurité publique. « Le Canada est un pays extrêmement individualiste. Les gens sont très gentils, très accueillants mais très froids en même temps », témoigne-il.

Candidat aux élections en Algérie

La réussite n’a pas fait oublier l’Algérie au jeune Yacine. En 2021, il se présente aux élections législatives. « Je crois que le changement ne peut se faire que de l’intérieur. Le boycott n’est pas une solution », avait-il écrit alors sur sa page Facebook.

« La communauté algérienne établie au Canada et aux États-Unis est moins priorisée par rapport à la diaspora en France et en Europe. Elle est loin, elle est isolée. Je voulais me présenter parce qu’ici, nous avons d’autres problèmes que ceux que rencontre la communauté algérienne en Europe. Je voulais défendre les droits de la communauté algérienne au Canada. Je voulais aider tout simplement », explique-t-il son choix de se lancer dans la politique.

La parenthèse est désormais fermée, mais Yacine assure vouloir « donner plus » à son pays. « L’Algérie, j’y pense chaque jour. J’aime mon travail mais j’aimerais donner plus à mon pays », dit-il.

Envisage-t-il d’y retourner un jour ? « C’est un vrai dilemme. Bien sûr que j’aimerais rentrer, mais rentrer pour ne rien faire, ça, non. Je suis très dynamique. Si je me retrouve dans un bureau juste pour remplir des formulaires, ce n’est pas possible », répond-il.

Le « bon côté » de l’émigration des élites algérienne

Depuis au moins trois décennies, de nombreux Algériens, dont beaucoup de cadres, font le choix de s’installer au Canada. Yacine prend plutôt la chose du bon côté.

 

« Certains disent qu’on est en train de vider l’Algérie de sa crème. Bien au contraire, la crème du pays, si on la laisse pourrir à ne rien faire en Algérie, on va la tuer. Il vaut mieux qu’elle parte. Je ne suis pas sûr que l’Algérie soit prête pour cette crème. Si on laisse les gens partir acquérir de l’expérience à l’étranger, ils reviendront un jour avec leur savoir et expérience qu’ils auront acquise. C’est bénéfique pour le pays », estime-t-il.

Actif dans le domaine communautaire et très présent sur les réseaux sociaux, Yacine Kraimia est toujours disponible pour aider les familles et les étudiants algériens fraîchement débarqués au Canada et orienter ceux qui souhaitent s’y installer.

« J’aime aider. Il y a un manque d’information concernant l’installation au Canada. Surtout, il y a beaucoup d’escrocs. Ce que je veux faire c’est partager l’information, guider les gens et les motiver », déclare-t-il.

Il livre donc ce conseil à ceux qui sont tentés par l’émigration au Canada : « Le Canada est un État de droit. Chaque personne peut réussir. Ici, plus on travaille, plus on gagne de l’argent. Donc, si vous ne faites rien, vous n’aurez rien ».

« Le Canada est un pays dans lequel vous pouvez exaucer vos rêves », conclut Yacine.

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