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Vacances, visas…les Algériens se préparent à passer un été pas comme les autres
Voyages annulés, frontières fermées, transports aérien et maritime suspendus… depuis le début de la crise sanitaire due au Covid -19, les agences de voyage sont à l’agonie. En dépit de l’autorisation de réouverture de leurs enseignes depuis le 7 juin dernier, la plupart d’entre elles n’ont pas encore remonté le rideau estimant qu’elles n’ont rien à proposer à leurs clients compte tenu de la situation que traverse le secteur du tourisme.
Trésorerie à sec
« C’est un désastre, une catastrophe sans précédent que nous traversons ! », résume Sid Ahmed, agent commercial chez Adel Voyages (Bd Med V). « Notre agence, tout comme celles de mes collègues sont fermées depuis le 16 mars. Nous avons dû annuler les voyages prévus pour les vacances de printemps et ceux pour la Omra. Les clients nous harcèlent au téléphone pour être remboursés mais nous ne pouvons guère le faire pour le moment. Notre trésorerie est à sec car notre argent est chez nos partenaires (compagnies aériennes, chaînes hôtelières…) Et puis sincèrement, les gens n’ont pas le cœur à voyager avec cette crise sanitaire. J’espère que les pouvoirs publics se pencheront sur notre secteur qui a été lourdement impacté par le Covid-19 », détaille-t-il.
Même son de cloche chez Smail Guedouche, gérant de Sacré Cœur Voyage (rue Burdeau-Alger Centre). « Ouvrir maintenant ne servirait qu’à augmenter nos charges. Pas de visa, fermeture des frontières et des compagnies aériennes, voilà le tableau ! Nous sommes condamnés à patienter encore. En tant que voyagistes, nous sommes les derniers maillons de la chaîne. Il faut d’abord que les hôtels reprennent du service, que les compagnies aériennes reviennent et que les frontières rouvrent pour qu’enfin, nous puissions reprendre notre activité », explique-t-il.
Il poursuit : « Nous ne pouvons rien offrir, rien vendre dans cette situation. Les clients qui ont acheté des packs pour les vacances de printemps à l’international comme Dubaï, la Turquie, la Tunisie réclament d’être remboursés. Ils ne comprennent pas que nous sommes tributaires de nos autres partenaires et que l’argent n’est plus à notre niveau. Via notre syndicat, nous revendiquons un crédit sans intérêt et la suspension de nos charges fiscales afin de tenter de sortir la tête de l’eau ».
Visa Turquie
Il y a quelques jours, l’Ambassade de Turquie a annoncé l’obligation, pour les demandeurs algériens de visa de souscrire dorénavant l’assurance de voyage auprès du centre Gateway. Cette décision a provoqué des remous et une polémique chez les voyagistes.
« Nous avons immédiatement contesté cette décision », nous révèle Smail Guedouche. « Chaque agence de voyage a déjà une convention signée avec sa propre boite d’assurance. Nous avons exprimé notre mécontentement et l’Ambassade de Turquie a rétropédalé en levant cette exigence. Pourquoi nous imposer le centre Gateway sachant que les frais y sont plus élevés ? L’assurance voyage d’un mois coûte 2800 da avec un service de livraison qui s’élève à 1000 dinars, en plus des frais de visas qui reviennent à 13 700 da ».
Colère des clients après l’annulation de leur séjour
De son côté, Bachir Djeribi, président de la SNAV (le Syndicat national des agences de voyages) tire la sonnette d’alarme. « Les agences de voyage sont sur la jante. Tous les séjours de leurs clients ont été annulés. Les voyagistes n’ont plus de trésorerie. Ils sont confrontés à la colère de leurs clients qui exigent d’être remboursés sur le champ. Les pertes occasionnées par cette crise sont énormes. Sans l’aide de l’État, beaucoup d’agences de voyages devront mettre la clef sous le paillasson. Nous nous sommes réunis avec les autres acteurs de la filière et avons lancé des appels aux pouvoirs publics pour l’obtention de crédits à zéro intérêt ainsi que la levée des impôts pour la période où nous n’avons pas travaillé. 90% des agences de voyages sont fermées. Aucun séjour ne peut être programmé alors que les avions sont encore cloués au sol et que les frontières sont fermées ».
La Grèce ou la Bulgarie cet été, si le Covid-19 se calme
Dam Tours (Rue Franklin Roosevelt), une agence qui a pris le taureau par les cornes et a décidé de se tenir prête en cas de retour à la normale au mois d’août. Par Internet et au téléphone, cette agence de voyage propose des séjours en Grèce et en Bulgarie à ses clients. Et les réservations sont en cours, même si les vacances sous le soleil sont tributaires de la réouverture des frontières et de la reprise des compagnies aériennes.
« La demande est forte auprès des familles et des couples qui ont beaucoup souffert du confinement et qui espèrent voyager cet été » nous dit Iskra Messelles (la chef d’agence). Les inscriptions ont été ouvertes et les réservations aussi, à partir de début août. Tout cela sous réserve de la réouverture des frontières, évidemment ».
Bachir Kouri (responsable commercial dans cette agence) a même communiqué les prix à ses clients. « Cela coûtera à partir de 155.000 da pour 9 jours (Grèce) et entre 180.000 da et 195.000 da (Bulgarie). Nous avons travaillé pendant le confinement par Internet et Facebook en informant nos clients de notre programme. Les payements commencent cette semaine. Dam Tours anticipe mais garde une marge de manœuvre. Au cas où les conditions sanitaires ne permettent pas la reprise des voyages en août, nous rembourserons nos clients » assure-t-il.
Cet été sous Covid-19 aura marqué les esprits pour toujours. À l’heure où habituellement les réservations et les projets de vacances sont déjà bien ficelés, les Algériens se préparent à passer un été pas comme les autres.
Kenza Adil