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Visas, sans-papiers : l’immigration domine le débat en France  

Par Nina Lawrenson/peopleimages.com • Adobe stock

À quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle française qui aura lieu en avril prochain, l’immigration semble déjà faire partie des thèmes majeurs de la campagne électorale pour l’Élysée et semble toucher l’ensemble du spectre politique.

L’actualité la conforte in fine dans ce sens : la question de l’accueil en France des réfugiés a été remise sur le tapis suite à la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan.

Plus récemment, c’est la potentielle candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle qui tend à focaliser les débats sur le thème de l’immigration. Grand remplacement, identité, prénoms non français… l’obsession du polémiste pour cette thématique reste coriace.

Quant à elle, la gauche reste divisée sur les questions liées à l’immigration et semble osciller entre une ligne plus ferme sur le régalien – Arnaud Montebourg -, une autre plus ambigüe – Jean-Luc Mélenchon – et une ligne altruiste pour les écologistes voire candide pour Sandrine Rousseau, qui a déclaré être prête à laisser entrer sur le territoire national des talibans et des djihadistes pour les surveiller.

La France va réduire les visas aux Maghrébins

Mais l’annonce la plus spectaculaire est venue du gouvernement d’Emmanuel Macron. Son porte-parole Gabriel Attal a annoncé ce mardi 28 septembre au micro d’Europe1 que la France allait restreindre le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens, marocains et tunisiens. « Une décision drastique », « inédite », a-t-il souligné. Une baisse annoncée de 50 % du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l’Algérie est à prévoir dans les semaines à venir, 33 % pour ceux de la Tunisie.

Officiellement, cette décision est liée au refus des pays du Maghreb de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière. La France a décidé de taper du poing sur la table face aux pays du Maghreb qui « refusent » de délivrer les laissez-passer consulaires (LPC), document indispensable au retour des immigrés refoulés de l’Hexagone.

Le gouvernement reproche à ces trois pays de délivrer ces laissez-passer au compte-goutte et estime avoir trop attendu depuis les premières négociations, lancées en 2018. « Il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd’hui on met cette menace à exécution » a appuyé Gabriel Attal. Désormais, ce sera donnant-donnant, a renchérit ce mercredi matin le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Mardi 28 septembre, le ministère de l’Intérieur a communiqué des chiffres assez éloquents à l’AFP. Entre janvier et juillet 2021, l’Algérie a délivré un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7 731 obligations de quitter la France (OQTF) prononcées et 22 expulsions réalisées. Le taux d’exécution du pays est de 0,2 %. Ce taux s’élève à 2,4 % pour le Maroc et 4 % pour la Tunisie.

À qui profite cette mesure ?

Emmanuel Macron l’avait promis au début de son quinquennat, il souhaitait un taux d’exécution des reconduites à la frontière de 100 % tous pays confondus avec une priorité : les terroristes et fichés pour radicalisation. En prenant cette mesure à quelques mois du premier scrutin de l’élection présidentielle, le président de la République donne des gages à son électorat de droite.

Sur Twitter, le président des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau a salué la mesure en déclarant « C’est fou comme les problèmes sont de plus en plus faciles à régler à mesure que la présidentielle approche… ».

D’un point de vue calendaire, cette annonce intervient juste après le projet de loi de référendum sur cette thématique proposé par la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen. Le député Éric Ciotti a quant à lui réclamé ce mardi la suppression du régime dérogatoire des titres de séjour dont bénéficie l’Algérie.

Ce regain d’agitation autour de cette thématique ne s’essoufflera pas si vite… au moins jusqu’à l’élection présidentielle, en avril prochain.