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Voyages au Maroc : peu d’espoirs de reprise après le 31 janvier
Les professionnels du tourisme suffoquent au Maroc avec la prolongation de la fermeture des frontières. Le pays s’est totalement fermé au tourisme depuis le 29 novembre et devrait le rester au moins jusqu’au 31 janvier.
Une situation qui met à mal les acteurs de ce secteur stratégique pour le Maroc. Le tourisme est au point mort depuis presque deux ans.
La fin de l’année et le rendez-vous raté avec les touristes étrangers a définitivement plongé les professionnels du tourisme dans une profonde détresse. Les lieux touristiques sont nombreux à fermer dans les plus grosses villes touristiques du royaume, les acteurs impliqués dans le métier depuis des années n’ont d’autre choix que de se reconvertir professionnellement.
#ouvrezlesfrontières, une campagne pour demander la réouverture du Maroc
Les récits d’hôteliers qui ont dû fermer boutique pour prendre un emploi de chauffeur ou au port sont nombreux dans la presse marocaine. Des récits racontés par le journal français La Croix qui dédie un reportage à l’agonie touristique au Maroc, ce mercredi 29 décembre. Le journal rappelle que le Maroc a accueilli 3,4 millions de touristes en 2021, alors qu’en 2019 ce sont 13 millions qui rendaient visite au Maroc.
Sur les réseaux sociaux le hashtag #فتحو_الحدود soit #ouvrezlesfrontières ne cesse d’être relayé. Le hashtag a été lancé par les professionnels du tourisme, soutenus par les Marocains qu’ils soient dans le Royaume ou à l’étranger. Tous demandent aux autorités marocaines de faire un geste et de réguler les voyages vers le Maroc de manière moins radicale.
Les autorités marocaines soutiennent très peu ces professionnels. La seule aide proposée est une allocation mensuelle d’un montant d’environ 191 euros aux salariés du secteur du tourisme. Mais rien n’est mis en place pour les responsables et propriétaires d’établissements touristiques.
Mounir Chami, de la Fédération nationale du transport touristique expliquait il y a quelques semaines au Figaro que “1 670 entreprises, dont 95 % sont des TPE-PME, sont à l’arrêt depuis le début de la crise”. Elles sont toutes asphyxiées financièrement et ne peuvent payer leurs charges et crédits.
Au-delà du 31 janvier, peu d’espoirs de reprise
Ces décisions politiques ont un effet dramatique sur le tourisme censé reprendre de plus belle en décembre avec les vacances de noël. Ce sont des milliers de réservations qui ont été annulées à la dernière minute.
Le Maroc avait pris la décision d’annuler tous les vols commerciaux vers son territoire à partir du 29 novembre 2021 à minuit pour une durée de deux semaines. Cette démarche visait à protéger le Maroc face au variant Omicron et de conserver une situation sanitaire difficilement stabilisée. Toutefois cette mesure a été repoussée à plusieurs reprises, d’abord jusqu’au 31 décembre, puis jusqu’au 31 janvier 2022.
Désormais la destination marocaine suscite des inquiétudes auprès du public étranger. Il y a déjà des répercussions sur les réservations de février et mars. Les touristes craignent désormais de se retrouver coincés au Maroc, à la moindre décision des autorités marocaines. D’autant plus que les vols de rapatriement dans ce genre de situation sont trop aléatoires et peuvent également cesser dans le cas d’un risque important lié au covid-19. Ce fut le cas avec l’interruption des vols spéciaux le 23 décembre dernier.
L’après 31 janvier reste donc obscur pour le tourisme marocain. La reconduction de ces mesures de fermeture sont souvent annoncées à la dernière minute entraînant annulations de vols et d’hébergement sans horizon de retour à la normale.
Il y a donc peu de chances que les touristes se ruent sur les réservations pour les prochaines vacances. Le variant Omicron vient à peine d’atteindre son pic de contagion, on ne peut prévoir sa redescente. L’Europe, qui fournit la majorité des touristes étrangers au Maroc, représente actuellement 57 % du total de cas de covid-19 dans le monde.
Toutes les formes de tourisme touchées
Le Maroc ayant misé essentiellement sur le tourisme international, paye très cher cette décision de fermeture. Le pouvoir d’achat des Marocains n’est pas du niveau d’un touriste européen, seule une minorité au Maroc peut s’offrir des séjours dans les zones touristiques.
Le tourisme national est maintenu mais il ramène de faibles revenus pour le moment. De plus, même le tourisme local doit faire face à des freins : toutes les manifestations culturelles ou festivals sont annulés, le pass vaccinal est obligatoire pour se rendre dans les espaces fermés.
Le média marocain Eco Actu s’interroge également sur l’impact de la fermeture du Maroc sur le tourisme d’affaires très développé dans le Royaume. Il s’agit du dernier levier de secours, mais là encore il y a un risque de le voir disparaître en 2022.
De nombreux congrès prévus à Casablanca, Marrakech, Agadir ou encore Tanger ont été annulés. L’organisation de ce genre d’événement se fait en avance et exige une organisation solide. Le Maroc n’a pas les armes pour rassurer les opérateurs touristiques chargés de mettre en place les événements professionnels.