Quand elle est partie d’Algérie pour poursuivre ses études en France, Linda était loin de se douter qu’une vie de misère l’attendait, en tant qu’étudiante, dans l’Hexagone.

Originaire de Tizi Ouzou, cette jeune étudiante algérienne avait entamé ses démarches pour partir en France à l’insu de ses parents. Ses derniers redoutaient les dépenses liées au séjour de leur fille en France. 

Mais Linda leur a assuré qu’elle allait « se débrouiller », confie-t-elle à Radio France, sans savoir que sans l’aide de ses parents, elle n’aurait pas pu tenir en France. « Mon père m’a dit qu’on n’a pas les moyens… Je lui ai dit que je vais chercher un travail et je m’en sortirais seule ».

Linda part en France et s’inscrit à l’Université de Mulhouse avec seulement 2.000 € en poche. « L’inscription, la mutuelle, etc. et voilà que 800 € étaient déjà partis », raconte cette jeune étudiante, ajoutant que sa chambre Crous lui a coûté 380 €.

« Je n’ai pas mangé de viande pendant environ quatre ans »

« Il ne me restait pas grand-chose, moins de 1.000 € et j’étais déjà en alerte », se remémore cette étudiante algérienne qui songeait déjà à se trouver un travail alors qu’elle n’avait même pas réussi à décrocher un titre de séjour et à ouvrir un compte bancaire.

La jeune étudiante finit par abandonner sa chambre Crous pour habiter en colocation dans un studio de 20m2 à 150 € le mois. « J’ai grandi dans les montagnes et je suis habituée aux grands espaces, donc me retrouver dans un petit studio de 20 m2 c’est stressant, je passais tout mon temps à la bibliothèque ».

Pour bien gérer son argent, Linda n’utilisait pas les transports, elle marchait. Pour se nourrir, elle va aux Restos du cÅ“ur et au Secours populaire. Pour payer son loyer cependant, elle a dû faire appel à ses parents en Algérie.

Linda témoigne que ça lui arrivait de sauter les repas pour suivre ses cours. « Je me trouvais à faire le jeûne intermittent », ironise-t-elle. « Je n’ai pas mangé de viande pendant environ quatre ans », ajoute-t-elle.

« Je n’avais pas le droit de tomber malade »

La jeune étudiante ajoute « qu’elle n’avait pas le droit de tomber malade car elle n’avait pas encore un numéro définitif de sécurité sociale ». « Même quand je tombais malade je restais chez moi pour ne pas aggraver ma situation », a-t-elle confié.

Vu sa mauvaise alimentation, Linda tombait souvent malade et était sujette à des crises d’angoisse, ce qui a débouché sur un déficit de concentration sur ses études. « Je n’avais pas l’énergie, ni physique ni morale pour me concentrer… c’était trop de choses à gérer ».

Ce qui devait arriver arriva et Linda rate son premier semestre. « C’était à cause des problèmes financiers mais aussi des démarches administratives que je devais faire moi-même. Elle parvient tout de même à boucler son année, mais son inscription pour la nouvelle année est refusée par l’université de Mulhouse.

 « J’ai vécu la pauvreté »

Elle déménage à Paris, où elle se spécialise en Gestion de formation et où elle commence à travailler en parallèle de ses études. Elle donnait des cours d’anglais à domicile et gagnait entre 400 et 600 € par mois, en dehors des vacances.

« J’ai vécu la pauvreté pendant plusieurs années en tant qu’étudiante », assure cette Linda qui a tout de même pu décrocher sa licence en anglais ainsi qu’un master en conseil et développement des compétences, ce qui lui a permis de trouver un travail en tant que formatrice d’anglais dans des centres de formation.

Aujourd’hui, Linda est payée 2.000 € par mois et se sent fier de pouvoir envoyer de l’argent à ses parents en Algérie. Elle n’a pas oublié son parcours en France et travaille, chaque jeudi, comme bénévole chez Linky, une association d’entraide destinée aux étudiants. 

 

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