Algérie Ferries : un billet ouvert et des portes fermées

Après celui de Marseille, le port d’Alicante, en Espagne, devient le théâtre d’une nouvelle mise à nu de la mal gestion d’Algérie Ferries. Plusieurs voyageurs algériens bloqués au port d’Alicante depuis plus d’un mois lancent un appel au secours.

Les passagers algériens ne trouvent plus que les réseaux sociaux pour interpeller les autorités de leur pays. Bloqués au port d’Alicante depuis plus d’un mois, des voyageurs racontent leur calvaire et dénoncent les conditions inhumaines dans lesquelles ils se sont retrouvés abandonnés.

Algérie Ferries : situation kafkaïenne au port d’Alicante

Sur une des vidéos, on voit des scènes humiliantes. Une foule devant les guichets et la police espagnole qui pousse et tire des voyageurs au milieu des cris des enfants et des regards hagards des vieilles femmes. Il s’agit d’Algériens abandonnés à leur sort depuis des semaines dans un port qui ne met à leur disposition aucune commodité.

Certains de ces voyageurs affirment pourtant qu’ils détiennent un billet ouvert délivré par Algérie Ferries. Mais cela ne leur a pas permis de prendre place dans un des bateaux qui “repartent vides”, assurent plusieurs de ces passagers infortunés.

“Cela fait un mois et demi que je suis venu de Paris. Je détiens un billet ouvert et je suis bloqué”, confie l’un des passagers bloqués au port d’Alicante. Un autre essaye d’expliquer que “normalement, un billet ouvert te laisse le choix d’y aller quand tu veux, mais là, ils laissent les gens abandonnés ici. Il y a des femmes qui n’ont pas pris de douches depuis 20 jours”.

Une des passagères, une femme d’un certain âge, assure que “ça fait 20 jours qu’on est abandonnés ici. On a épuisé tout notre argent. À chaque fois qu’on tente d’embarquer, ils nous chassent en disant qu’il n’y a pas de place. 4 Navires sont venus, si à chaque fois, ils embarquaient quelques passagers, ça aurait été réglé”.

Abandonnés par Algérie Ferries et malmenés par l’Espagne

C’est une situation kafkaïenne qui règne au sein des passagers algériens bloqués dans le port d’Alicante. Femmes, enfants, personnes âgées, tous font face à une situation difficile qui poussent plusieurs d’entre eux à dormir dehors. “On ne peut pas dormir à l’intérieur, il n ‘ y a ni toilettes ni rien du tout”, assure l’un des voyageurs bloqués. Un autre, dépassant les 70 ans, malade, agitant son certificat médical, indique qu’il va chaque jour à l’hôpital et qu’il “dort dehors”.

Comme ce n’était pas suffisant, ces passagers désespérés font aussi face aux forces de l’ordre espagnoles. Une des femmes âgées dénonce : “la police nous a frappé”. On voit sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours, plusieurs vidéos qui circulent et qui montrent la police espagnole qui charge sur des voyageurs algériens.

La situation empire de jour en jour. Les voyageurs évoquent “3 décès qui sont déjà survenus”. La colère monte et les accusations pleuvent. Ces voyageurs ne savent plus à quel saint se vouer.

Voyageurs algériens bloqués à Alicante : à qui la faute ?

Dans le brouhaha qui règne dans les vidéos que l’on trouve sur les réseaux sociaux, il est difficile de comprendre ce qui se passe avec ces voyageurs. Pourquoi sont-ils bloqués ? Depuis quand ? Qui est responsable de leur situation ?

Il s’agit d’algériens qui viennent de toute l’Espagne, mais aussi de France et d’autres pays européens. Certains détiennent des billets ouverts et d’autres ont même essayer d’embarquer au port d’Almeria, hélas, ils ont été confrontés à la même réponse : “complet, complet”,assure un homme âgé.

Mais à ce qu’il parait, il y a de la place sur les bateaux qui quittent Alicante à destination d’Oran. Un des voyageurs bloqués rappelle que lors d’un des embarquements auxquels ils ont assisté, “le chef d’escale a voulu faire entrer 200 personnes, mais ils n’ont laissé monter personne”. Une affaire qui a été également rapportée et confirmée par l’ancien député de l’émigration Nourredine Belmeddah.

Les voyageurs se sont rapprochés des autorités espagnoles présentes sur place, ces dernières pointent du doigt le côté algérien. “Les Espagnols nous disent que c’est votre pays qui veut que ça se passe comme ça”, témoigne une femme bloquée.

Un autre voyageur confirme : “Ils nous disent que c’est le côté algérien qui veut les problèmes”. “Le système est fermé depuis l’Algérie, le bateau part vide d’ici”. Ils affirment tous que si “on envoie un Ok depuis Oran, la situation sera réglée”.