Algérie : ils privatisent une plage en y installant…des barbelés
L’Algérie a la chance d’avoir un très beau littoral offrant des plages et vues imprenables sur la Méditerranée. Avec près de 1600 km de côtes donnant sur la mer, les Algériens pourraient être des amoureux de la plage et avoir un respect total pour cet environnement naturel…La réalité est tout autre, le rapport des Algériens à la mer et aux plages peut s’avérer assez complexe.
Chaque été, les réseaux sociaux dévoilent énormément d’images insolites d’Algériens qui mènent des activités inappropriées sur la plage, des déchets à perte de vue lors des périodes de haute fréquentation ou des installations sauvages sur le littoral pour profiter de la mer.
Depuis quelques heures, une vidéo postée sur les réseaux sociaux étonne les internautes algériens. Un internaute a filmé des personnes qui se sont octroyées un accès à la mer, des rochers au bord de l’eau, en y installant des barbelés afin de contrôler les allers et venues.
La scène se déroule à Tipaza, à l’ouest d’Alger. On y voit des familles être installées avec tables et chaises dans cet espace devenu leur propriété. Les commentaires sous la vidéo sont nombreux, et s’affichent sous le signe de la colère et de la déception.
Cet endroit complètement public n’a pas lieu de privatisation, la démarche est même illégale. L’auteur de la vidéo s’interroge en voix off, ces barbelés ont-ils été autorisés ? Est-ce une action individuelle ? En tout cas, il semble lassé de ce type de situation et appelle à transmettre le message aux Algériens afin que l’espace naturel soit enfin respecté.
La vidéo n’est pas datée, difficile de savoir si cette scène s’est déroulée ces derniers jours, ou s’il s’agit d’une ancienne vidéo. Mais en dépit du contexte, on ne s’étonne même plus de voir de telles actions se dérouler en Algérie.
La plage, le lieu de tous les droits
Cette vidéo révèle une incivilité parmi tant. On se souvient d’une scène ubuesque datant de 4 ans, où l’on voyait des Algériens venir sur la plage avec leur voiture, quitte à la garer dans l’eau. Cette image avait même fait la Une des médias étrangers.
À la fin de la période estivale, les plages de Tipaza sont défigurées par les déchets laissés par les visiteurs. Un dépotoir que personne ne souhaite prendre en charge, même les autorités laissent les poubelles s’amonceler sur le sable. Seules des initiatives privées tentent de faire le ménage, telles que des associations. On se souvient d’Amar Ajili, un citoyen algérien qui avait entrepris de nettoyer seul et avec ses propres moyens, les plages dévastées par ces incivilités.
L’accumulation de ces comportements déplacés ne sont pas seulement agaçants, ils peuvent aussi mener à des scènes dangereuses. En août 2020, deux chevaux très agités ont semé le trouble sur une plage de Tipaza.
Les pauvres bêtes qui sont arrivées par on ne sait quel moyen sur la plage, ont été poursuivies par des individus qui les ont chassées avec des bâtons, déclenchant une panique chez les animaux. Les chevaux auraient pu être blessés et dans leur mouvement de panique, devenir dangereux pour les plagistes.
Pourquoi l’Algérie ne respecte pas ses plages ?
Pourquoi ce chaos est-il possible sur les plages algériennes, lorsque dans d’autres pays la réglementation pour l’usage du littoral est très rigide et appliquée ? Les côtes algériennes semblent être livrées à elles-mêmes. Dans d’autres villes comme Marseille ou Barcelone, les plages sont surveillées par des maîtres-nageurs ou encore des équipes de sécurité et de protection de l’environnement afin de s’assurer d’une cohabitation paisible entre les plagistes. C’est rarement le cas en Algérie.
L’inexistence de ce genre de services donne lieu à des situations impossibles. On voit se développer des commerces informels, comme des parkings improvisés ou encore la location forcée de parasols et des tables sur les plages. Ces commerces au-delà de leur organisation anarchique, développent des comportements haineux. Au début de l’été 2021, un homme refusant de louer un parasol a été roué de coups sur la plage par ces vendeurs à la sauvette.
Ces comportements sont regrettables, car malgré la longue côte qu’offre l’Algérie, les plages publiques et aménagées sont assez rares. L’été, se rendre à la plage devient un enfer. Seules quelques criques secrètes sont protégées de ce type de comportements déplacés, mais jusqu’à quand ? Si des régions et villes comme Oran, Mostaganem, El kala ou encore les environs de Béjaïa disposent de très belles et larges plages, ce type de fréquentation gâche souvent le plaisir marin.