Fusillade du métro de New York : la victime algérienne raconte
Parfois la réalité dépasse la fiction. Houari Benkada en a fait l’amère expérience mardi 12 avril dernier. Ce jeune homme de 27 ans d’origine algérienne est l’une des victimes de la fusillade du métro de New York. Il a accordé un entretien aux journalistes du New York Times depuis son appartement de Brooklyn pour raconter l’horreur qu’il a vécue.
Réveillé à l’aube ce jour-là, Houari a pris suhoor en compagnie de sa mère, pour attaquer une nouvelle journée de travail et de jeûne du Ramadan. Un bourek algérien, une pâtisserie et quelques dattes, rapporte le New York Times : un repas traditionnel pour cette famille musulmane expatriée aux Etats Unis avant la naissance de Houari.
Peu après 8H, le jeune homme se rend à la gare située à quelques rues de son domicile, pour rejoindre son travail. Houari Benkada, diplômé aux Etats Unis, est responsable de l’entretien au fameux New Yorker Hotel, situé sur la 8e Avenue, en plein cœur de Manhattan.
Le jeune algérien accomplit sa routine habituelle et monte dans le second wagon du train N, où il n’y a pas de foule. Il confie au New York Times la scène d’horreur qui va suivre, détail après détail.
Houari se souvient être allé s’asseoir téléphone en main près d’un homme dont il n’a pas vu le visage, rapporte le journal américain. Il découvrira plus tard qu’il était le passager assis le plus près du tireur.
« Je ne peux pas dormir la nuit »
Le train est en marche vers la 36e rue quand une explosion de fumée envahit le wagon. Houari se souvient qu’une femme proche de lui a crié être enceinte et qu’il a eu le réflexe de la protéger, avant d’être embarqué dans une marée humaine et de sentir une balle atteindre son genou. Terrorisés, Houari et les autres passagers voient leur dernière heure arriver. Mais heureusement l’arme du tireur cesse de fonctionner, après avoir touché 10 autres personnes de la rame, et miraculeusement, sans faire de mort.
Houari est toujours hanté par l’agression : « Je pense que je ne pourrai plus jamais prendre le train », « J’ai peur que cela se reproduise », rapporte le New York Times. En état de choc, le jeune homme parvient à sortir du métro en boitant, au milieu des autres blessés, traîné jusqu’à la sortie avant d’être pris en charge par les pompiers.
Vivre un attentat dans le quartier qui nous a vu grandir ajoute de l’horreur à la situation. Opéré après la fusillade, Houari s’en sort avec un genou fracturé et d’après les médecins il aura surement besoin d’une autre intervention. Houari Benkada se remet de cette expérience encore récente, en combattant la douleur constante et en suivant une thérapie. Sa sœur a fait un appel aux dons car il ne perçoit pas d’indemnités pendant son absence professionnelle. Entouré de sa famille, il tente de digérer le drame et de se rétablir au mieux, malgré le traumatisme.