Après qu’il s’est distingué en France avec un geste héroïque, un ressortissant tunisien, à qui l’on a promis un titre de séjour, s’est finalement retrouvé sous OQTF.
Wahid, 34 ans, a sauvé, il y a trois ans, une dame d’une agression à Toulouse, ce qui lui a valu de recevoir des coups de couteaux au visage et au crâne. Aujourd’hui, il est toujours sans titre de séjour, mais avec un visage balafré qui complique davantage son quotidien, rapporte La Dépêche.
Il sauve une dame
Le 3 septembre 2022, à 1 h du matin, Wahid, attablé dans un café de la place du Pont Neuf, à Toulouse, vole à la rescousse d’une dame qui se faisait agresser devant l’établissement. « Chez moi, on ne peut pas tolérer ça. Donc j’interviens », confie-t-il au journal français.
La dame est sauvée mais l’agresseur sort un couteau et taillade la joue du sans-papiers et lui assène deux autres coups au crane. « Mon visage est abîmé, c’est très douloureux, et les soins sont trop coûteux pour moi », assure Wahid.
Mais le plus douloureux pour ce ressortissant est le silence de la justice qui n’a pas bougé le petit doigt après le dépôt d’une plainte contre son agresseur dont le nom a été livré par l’épouse de ce dernier. En effet, l’enquête n’a jamais été ouverte, dénoncent les avocats de la victime.
« La justice a totalement abandonné cet homme qui avait, au péril de sa vie, sauvé cette dame. Il restera défiguré à vie », ont-ils déclaré. Trois ans après, ils se battent encore pour obtenir réparation du préjudice et une régularisation pour ce sans-papiers tunisien pour lui permettre de rester auprès de sa famille dans l’Hexagone.
Seul et sous OQTF : « Tout le monde m’a oublié »
Quelques heures seulement après l’incident, ce ressortissant tunisien a été approché par le député LFI François Piquemal, désormais candidat à la mairie de Toulouse.
Ce parlementaire, qui a publié une photo en compagnie de Wahid, a promis sur les réseaux sociaux « de demander pour lui une naturalisation ou a minima une régularisation de son titre de séjour ».
Trois ans après, il ne lui obtient ni l’une ni l’autre. Wahid estime que le parlementaire « s’est servi de lui pour redorer son image ». Le parlementaire assure qu’il a envoyé une demande mais qu’elle a été rejetée, rappelant qu’il « n’a pas le pouvoir » de délivrer des titres de séjour.
Wahid se trouve désormais sous le coup d’une OQTF et se cache régulièrement à la frontière italienne de peur d’être interpellé et expulsé. « Je suis seul, à la rue, je souffre de mes blessures, et tout le monde m’a oublié », se désole-t-il.
