Alors que décrocher un titre de séjour en France devient de plus en plus difficile, certains organismes profitent de la galère des demandeurs pour s’en faire plein les poches.
Près de la mairie de Choisy-le-Roi, près de Paris, une vitrine bien soignée, décorée des couleurs du drapeau français et de la Marianne, cache un commerce florissant.
Fermé par la préfecture
Il s’agit du siège de Pôle Démarches, un organisme qui propose des services « d’accompagnement » dans les démarches administratives pour les étrangers résidant en France, notamment les demandeurs des titres de séjour.
Installée depuis 2023 à Choisy-le-Roi, Pôle Démarches se targue de compter sur une équipe de « professionnels expérimentés ». Ceci dit, cet organisme a fait l’objet d’une fermeture administrative de 7 jours, décidée par la préfecture du Val-de-Marne en mars dernier.
Le motif ? Pôle Démarches employait des travailleurs en situation irrégulière. C’est lors d’une descente des effectifs de police et de l’Urssaf, en novembre dernier, que trois salariés sans-papiers ont été contrôlés et il s’est avéré qu’ils ne faisaient pas l’objet d’une déclaration préalable à l’embauche, ce qui constitue une infraction de travail dissimulé, rapporte Le Parisien qui révèle l’information.
Cette descente policière dans les locaux de Pôle Démarches n’était pas fortuite, car elle s’est faite suite à des signalements et à des plaintes de la part de plusieurs clients de cet organisme, indique le média français.
Des tarifs exorbitants pour des résultats incertains
Il suffit, en effet, de jeter un œil sur les avis Google pour voir que de nombreux clients, comme Khaled, accusent Pôle Démarches de « prendre l’argent et de ne rien faire », détaille le journal français.
Car si cet organisme propose des premiers rendez-vous, souvent en visioconférence, gratuitement, il demande ensuite des tarifs assez élevés. Khaled parle de « 1.500 € » versés pour « rien ».
C’est sur les réseaux sociaux que Pôle Démarches attire le plus de clients. Bien que l’activité proposée par cet organisme soit d’apparence légale, la préfecture du Val-de-Marne appelle à la « vigilance ».
Les services de l’État rappellent que « ces organismes qui prétendent vous aider dans vos démarches moyennant bien souvent une forte somme d’argent ne sont pas des services publics », appelant ainsi les demandeurs de titres de séjour à privilégier les sites officiels du gouvernement.
Les associations d’aide aux étrangers dénoncent, quant à elles, la difficulté d’accès aux titres de séjour au niveau des préfectures, notamment suite à l’introduction de la procédure dématérialisée en ce qui concerne la délivrance de rendez-vous.
« Là où il y a misère, il y a exploitation »
Selon Pablo Krasnopolsky, du Réseau Éducation Sans Frontières du Val-de-Marne (RESF 94), c’est cette « misère » administrative qui fait que les étrangers soient « exploités » par des organismes comme Pôle Démarches.
Selon ce bénévole, c’est « la pénurie de rendez-vous en préfecture qui crée un marché ». Il explique que les étrangers qui risquent de perdre leur emploi, car ils ne parviennent pas à décrocher un rendez-vous pour renouveler leur titre de séjour, peuvent facilement finir dans le piège des « faux avocats » ou des « escrocs ».
La préfecture, qui assure que 100 de ses 600 agents sont dédiés aux démarches liées aux titres de séjour, indique qu’elle garde un œil sur les activités de Pole Démarches, soulignant que l’utilisation de cet organisme non-officiel des couleurs tricolores et de la Marianne crée « une ambiguïté » avec les services de l’État.
De son côté, Pôle Démarches, contacté par le Parisien, se défend et souligne que la fermeture administrative de ses locaux n’a pas de lien avec la nature de son activité, assurant au passage qu’elle propose, à l’instar de dizaine d’autres sociétés, l’assistance administrative aux étrangers en toute légalité.