La détérioration des relations politiques et diplomatiques entre l’Algérie et la France a entraîné des difficultés pour les Algériens titulaires de titres de séjour.
La brouille entre les deux pays, qui a commencé il y a plus d’un, a touché les demandeurs algériens de visas long séjour (visas D). Dans sa lettre à son premier ministre, Emmanuel Macron a en effet demandé à son premier ministre, le 6 août dernier, de « refuser […] les visas de long séjour à tous types de demandeurs ».
Une dizaine de jours après cette lettre présidentielle, une quarantaine « d’Algériens, de Français, de Franco-Algériens et d’amis des deux rives », interpellent les présidents algérien et français, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, via une lettre publiée sur Mediapart ce 16 août.
Cette lettre ouverte, signée par plusieurs personnalités des deux pays, appelle les deux chefs d’État à « ouvrir la voie à une réconciliation durable » afin que les Algériens et les Français puissent « vivre en paix sans être stigmatisés, caricaturés ou transformés en boucs émissaires.
France : des Algériens « discriminés » qui bataillent pour un titre de séjour
Par les problèmes évoqués, il y a la difficulté que rencontrent désormais beaucoup d’Algériens de France à décrocher ou renouveler leur titre de séjour. L’une des signataires de la lettre, Louisa Ferhat, présidente de l’Association des femmes berbères européennes, dans une déclaration accordée à la radio française RFI, dénonce la discrimination et les blocages.
Elle estime que les Algériens sont « discriminés » désormais en France et se dit « extrêmement choquée » de cette situation. « On a du mal à comprendre qu’on soit pris en otage parce qu’il y a des problèmes politiques entre les deux gouvernements ».
Selon elle, la dégradation des relations entre l’Algérie et la France a notamment des « conséquences concrètes » sur les familles algériennes dont les membres « bataillent pour faire renouveler leurs cartes de séjour ».
Des Algériens « pris en otage » en France
Elle assure que même en faisant tout ce qu’il faut pour séjourner régulièrement en France (payer les impôts et travailler, etc). « On peut se retrouver sans travail parce qu’on n’a pas de carte de séjour ».
Pour Louisa Ferhat, « ce n’est pas normal », car il s’agit de « gens en règle depuis très longtemps ». Toutes les catégories d’Algériens de France sont touchées : « Des médecins, des chirurgiens, des commerçants, des ouvriers et toutes les classes sociales », assure-t-elle.
Sans titre de séjour, certains Algériens se retrouvent ainsi incapables de voyager à l’étranger, de peur de ne plus pouvoir revenir en France. « Pourquoi les prend-on en otage ? Il faut que tout cela s’arrête ! Que les deux présidents puissent parler de manière intelligente car c’est impossible de continuer ce type de relation », a-t-elle dénoncé.