Un hôtel emblématique du centre de Tunis, construit en 1973 par l’architecte italien Raffaele Contigiani, est en cours de démolition depuis le vendredi 15 août 2025.

Symbole de l’architecture brutaliste avec sa forme de pyramide inversée sur 10 étages, l’Hôtel du Lac va céder la place à une nouvelle infrastructure haut de gamme, ce qui ne fait pas l’unanimité dans l’opinion publique tunisienne.

Destruction de l’Hôtel du Lac de Tunis : un chantier sous décision judiciaire

Le président du conseil local de Bab Bhar, Moez Ben Othman, a confirmé, ce mercredi 20 août, sur les ondes de la radio nationale : « La démolition de l’Hôtel du Lac est bel et bien en cours depuis le 15 août », rapporte le média spécialisé La Tribune de l’Hôtellerie.

L’opération, justifiée par la nécessité de sécuriser l’environnement urbain de la ville, s’appuie sur une décision de la justice. Les travaux de démolition devraient durer 8 à 9 mois et aboutir à la construction d’une nouvelle structure hôtelière.

La société chargée des travaux a pour mission de préserver « l’esprit architectural » de l’hôtel initial, tout en proposant un design contemporain plus adapté aux standards internationaux.

L’Hôtel du Lac, surnommé « l’escalier inversé » pour sa forme en gradins inversés, compte plus de 400 chambres et a été l’un des hôtels les plus populaires de Tunis de 1970 à 1990.

Il est cependant fermé depuis le début des années 2000 : faute de rénovation, la bâtisse est devenue une friche urbaine portant le poids d’années de dégradation.

Une démolition controversée qui fait polémique

Après la reconstruction, prévue pour 2026, le nouvel hôtel devrait générer environ 435 emplois directs et renforcer l’attrait touristique de la capitale tunisienne.

Toutefois, même si le projet s’inscrit dans une stratégie plus globale de revitalisation urbaine, il est loin de faire consensus.

Les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux : pour certains, l’Hôtel du Lac représente un emblème du brutalisme méditerranéen.

« Le patrimoine architectural en danger ! Souvent, la frénésie du profit des promoteurs immobiliers gagne sur la valorisation de vestiges architecturaux. Une fois de plus, l’argent l’emporte sur le patrimoine ! », dénonce Amira Belhaj Helali, architecte et enseignante à l’École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis.

D’autres néanmoins relativisent l’importance d’une bâtisse en ruines qui pollue le paysage tunisien, comme le souligne cet internaute cité par le site d’information Web Manager Center :

« Une bâtisse comme tant d’autres menacées de ruine qu’on a voulu ériger en chef-d’Å“uvre patrimonial. Si l’histoire de Tunis devait se résumer à du béton armé, un architecte italien et un bâtiment bancal, alors c’est qu’on a oublié la médina, véritable patrimoine mondial qu’il aurait mieux valu restaurer ».

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