L’été 2025 aura été révélateur des limites du modèle touristique du Maroc. Malgré la hausse des arrivées, il y a comme un air de mécontentement qui menace la réputation du pays en tant que destination touristique.
C’est ce que rapporte le journal marocain L’Opinion. Dans un article publié mercredi 6 août, il souligne que le tourisme marocain risque de ne pas se relever après la pâle image avec laquelle il s’est affiché cet été.
« Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’attirer les visiteurs, il faut les convaincre de revenir », explique le journal marocain, qui énumère divers problèmes qui ont gâché le séjour des vacanciers au Maroc, allant de la flambée des prix à la mauvaise qualité des services, en passant par la piètre gestion des endroits touristiques et de la dégradation des équipements de base.
Frustration des touristes
Le Maroc a fait un « bad buzz » cet été sur les réseaux sociaux, ajoute la même source, notamment à cause des nombreux posts publiés par les internautes dénonçant des tarifs exagérés : des dîners à plus de 10.000 dirhams, un café à 70 dirhams et des transats à louer à 150 dirhams.
La réponse des touristes à cette flambée est sans appel. Alors que le Maroc a attiré plus de touristes que l’Égypte jusqu’à fin juin 2025 (8,9 millions contre 8,7 millions), les recettes touristiques égyptiennes dépassent celles du Maroc de deux milliards de dollars !
Selon Sarah Ettalhaoui, une experte des métiers du tourisme, le Maroc affiche un écart entre les prix et la qualité de l’expérience touristique, ce qui « alimente souvent la frustration des clients, qui estiment ne pas en avoir pour leur argent ».
Elle estime que les prix appliqués s’inspirent de modèles étrangers et ils traduisent « une approche court-termiste axée sur le profit immédiat plutôt que sur la fidélisation ». « Il est temps d’en finir avec le tourisme “copié-collé” ou figé », a-t-elle dénoncé.
L’experte met aussi en garde contre « un bad buzz amplifié par les réseaux sociaux », appelant les responsables du secteur à prendre davantage en considération les besoins des touristes, assurant que « ce qui marque et fidélise, c’est avant tout l’émotion ressentie ».
Les touristes piégés entre flambée des prix, l’anarchie et le laxisme
Outre la flambée des prix, le Maroc a déçu ses visiteurs en cette saison estivale 2025 à cause de « certaines dérives » qui érigent l’anarchie comme modèle au niveau de plusieurs endroits touristiques du Royaume, indique une revue de presse du média Al Akhbar, relayée par Le360.
Entre les loueurs de parasols sur les plages qui imposent leur diktat, les motards qui sillonnent dangereusement les routes de la corniche et les hôtels qui s’approprient abusivement des espaces publiques, les touristes étrangers se retrouvent pour le moins pris au piège.
Ces dépassements, et bien d’autres, se passent souvent sous l’œil des autorités locales, impuissantes. Il s’agit d’une attitude laxiste, qui ne fait rien pour améliorer l’accueil des touristes étrangers et des MRE, déjà frustrés par la flambée des biens et des services.
Face à cette situation, certains touristes choisissent de mettre le cap vers l’Europe pour profiter de services de qualité et d’un séjour tranquille. Beaucoup choisissent de finir leurs vacances en Espagne ou au Portugal, délaissant le Maroc qui voit son image ternie de plus en plus.