Le mois de juillet tire à sa fin et, en Algérie, ce n’est toujours pas la grande déferlante des « émigrés », comme on en a vu ces dernières années. Les Algériens de la diaspora sont-ils moins nombreux à rentrer au pays en cette saison estivale 2025 ?
Aucune statistique officielle ne permet pour le moment de le confirmer ou de l’affirmer avec certitude, mais l’impression est partagée par de nombreux observateurs. Il y a moins d’affluence, en France et ailleurs, sur les agences des compagnies de transport aérien ou maritime.
Dans les ports et aéroports algériens, l’ambiance est aussi différente de celles des années précédentes, a-t-on l’impression. Aussi, les véhicules immatriculés à l’étranger sont moins nombreux sur les routes algériennes.
Des prix bas
Un autre indice qui permet de tirer une conclusion, les prix accessibles des billets d’avion et de bateau comparativement à ce qui se faisait pendant les saisons estivales passées, ce qui pourrait être le signe d’une demande moins forte que par le passé.
Il est vrai que les autorités ont pris de nombreuses mesures ces derniers mois pour éviter les bousculades et les files d’attente et pour rendre accessibles les prix des billets d’avion et de bateau.
Mais il n’en reste pas moins que beaucoup constatent qu’il y a moins d’expatriés qui ont choisi cette année de passer les vacances au pays. Du moins pour le moment.
L’explication d’un député
Sollicité par Visas & Voyages Algérie (VVA), le député des Algériens de France Abdelouahab Yagoubi s’est refusé à tirer la moindre conclusion en l’absence de chiffres officiels et fiables. « Je n’ai aucune statistique », a-t-il répondu.
Son collègue Mohamed Hani, membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale (APN), partage en revanche volontiers le constat.
« Oui, estime-t-il, il y a moins de membres de la communauté nationale établie à l’étranger qui sont rentrés en Algérie dans la première partie de cet été 2025 ».
Pourtant, s’étonne le parlementaire, les prix du transport aérien et maritime sont « très largement accessibles » par rapport aux tarifs appliqués ces dernières années.
La cherté du transport était un facteur qui pouvait décourager les familles algériennes expatriées de faire le déplacement estival au pays. Cet écueil est désormais levé.
Mohamed Hani tente une explication : s’il y a moins d’émigrés qui ont choisi leur pays d’origine comme destination de vacances c’est peut-être à cause de la cherté de l’offre touristique en Algérie. Les prix appliqués par des infrastructures touristiques sont excessivement chers, pour des installations et une qualité de service qui ne sont pas toujours au top. « Il faut débourser au moins de 12.000 dinars pour une chambre d’hôtel en Algérie, c’est cher », pointe-t-il.
Outre cela, le député avance comme probable autre facteur : « la crise économique en France, pays qui abrite le gros des Algériens de l’étranger. »
La cherté des hôtels fait fuir les émigrés algériens
Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et de défense des consommateurs (Apoce), pointe la cherté des billets d’avion au début de la saison estivale, et les prix « élevés » des hôtels, pour expliquer la « baisse » du nombre de touristes issus de la diaspora cette année en Algérie.
« La cherté des hôtels algériens n’est pas un phénomène récent. Nous avons déjà soulevé ce problème depuis des années. En Algérie, les prix des hôtels sont élevés par rapport à ceux pratiqués ailleurs. Une chambre d’hôtel à 20.000 dinars par nuit, c’est excessif », explique-t-il.
Le président de l’Apoce ajoute qu’au début de la saison estivale, les prix des billets d’avion entre la France, pays où réside la plus forte communauté algérienne à l’étranger, et l’Algérie étaient trop élevés.
« Un aller-retour Paris – Alger pour 600 euros, c’est excessif. Nous recevons beaucoup de doléances de nos émigrés sur la cherté des billets d’avion », affirme-t-il. En 2024, l’Algérie a accueilli 3,5 de touristes dont un million issu de la communauté algérienne à l’étranger.
