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« Arabe de service » : deux figures franco-algériennes règlent leurs comptes

« Arabe de service » : deux figures franco-algériennes règlent leurs comptes

Image par illustrez-vous / Adobe Stock

Les origines ethniques ne rapprochent pas toujours les personnes, parfois elles sont source de division. C’est le cas dans la bagarre entre le journaliste Taha Bouhafs et la policière Linda Kebbab qui s’est terminée au tribunal et par la condamnation de Taha Bouhafs pour… “injure publique en raison de l’origine”. 

Taha Bouhafs a été reconnu coupable d’avoir injurié sur les réseaux sociaux Linda Kebbab en raison de ses origines algériennes, rapportent, ce mardi 28 septembre, les médias français.

Le journaliste, né en Algérie, a été condamné à verser 1500 euros d’amende pour ses propos et 2000 euros d’amende en guise de dommages et intérêts pour Linda Kebbab, également d’origine algérienne.

« Arabe de service »

La querelle entre ces figures médiatiques a démarré sur Twitter avec un post de Taha Bouhafs, qui a accusé Linda Kebbab d”ADS : arabe de service”. Ces mots sont venus comme une réponse à une prise de position de Linda Kebbab dans les médias au sujet de l’affaire Adama Traoré en France. Taha Bouhafs n’aurait pas apprécié la réaction de la policière qu’il a alors traitée d’”arabe de service”. 

Pour Linda Kebbab, ces propos sont une forme de racisme qu’elle a souhaité dénoncer et amener devant un tribunal pour obtenir une compensation. Elle a vécu sa victoire à la Cour comme une avancée dans sa lutte contre le racisme. 

La justice française a estimé que Taha Bouhafs avait basé son commentaire uniquement sur les origines algériennes de Linda Kebbab, dont la teneur était rabaissante et dégradante. 

Taha Bouhafs, avait, certes à l’époque, effacé sa publication sur Twitter, mais ne s’en était pas excusé. Au contraire, jusqu’à aujourd’hui encore, il assume pleinement ses propos, estimant qu’il ne s’agit pas de commentaire sur les origines de la policière mais plutôt de la place qu’elle a choisi de prendre dans la société.

Connu pour être justement un militant et journaliste couvrant essentiellement les mouvements anti-racistes, cette décision judiciaire est un revers pour le Franco-Algérien. Toutefois, le journaliste compte faire appel de la décision judiciaire et se battre pour contester ces accusations, dans la sphère de la justice et de la société française.

Le difficile pacte social des Algériens en France

Ce procès a beaucoup surpris étant donné que les deux protagonistes ont tous deux les mêmes origines ethniques. Linda Kebbab est fille de deux immigrés algériens, Taha Bouhafs est quant à lui né en Algérie, de parents algériens. Ce fait met en lumière la difficulté des communautés d’origine algérienne à se réunir autour de la question de la place sociale des immigrés et enfants d’immigrés en France. Il révèle également la problématique du militantisme et des opinions politico-sociales. Parce que l’on a des origines ethniques et/ ou sociales similaires, doit-on avoir la même opinion ou défendre les mêmes combats ?

Ici ce qui est étonnant, c’est que l’origine de la discorde est la reconnaissance de l’existence du racisme en France et de ses conséquences dans la vie des minorités visibles. Taha Bouhafs et Linda Kebbab ne se sont pas entendus sur l’affaire Adama Traoré, qui dépassait même leurs propres expériences de vie ou encore leur algérianité.

Chacun défend son idée et agite le spectre du racisme pour finalement s’écharper sur qui a la meilleure place de citoyen ou qui est le plus discriminé. Cette affaire a le mérite de lancer un débat utile sur la place que les Algériens souhaitent se donner dans le champ politico-social de la France. 

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