Dans le 16ᵉ arrondissement de Marseille, en France, une nouvelle boutique de pâtisserie fait une entrée remarquable dans le monde des desserts.

Il s’agit de « Madame », une pâtisserie qui a ouvert il y a à peine 3 semaines, mais qui a déjà son petit succès, grâce à des créations artisanales signées Souhila Aïssat.

Une autodidacte marseillaise d’origine algérienne réussit dans la pâtisserie

Souhila Aïssat, 29 ans, est née à l’Estaque, célèbre quartier du 16ᵉ arrondissement de Marseille. D’origine algérienne, la jeune femme a récemment ouvert sa première boutique de pâtisserie dans ce même quartier du Nord de la ville. Et pour cause : « C’est le meilleur de Marseille », affirme-t-elle au média Actu Marseille, ravie de retrouver un quartier qu’elle adore. Il faut dire que la jeune artisane a tout fait pour s’installer là.

 

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« J’ai visité plein de locaux, mais je n’ai pas eu de coup de cœur, jusqu’à ce que je trouve celui où je suis actuellement », dit-elle de son local rue Martial Reynaud.

C’est ainsi que la pâtisserie « Madame » est devenue une boutique physique directement reliée à son laboratoire situé à deux pas, une aubaine pour son équipe de 5 membres.

L’enseigne a ouvert ses portes le 30 mai 2025, et depuis, Souhila Aïssat enfile plusieurs casquettes, même si elle est cheffe d’entreprise : « J’ai encore besoin de créer, de trouver des nouveautés en jouant sur les produits de saison ».

 

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C’est ainsi qu’elle imagine la pâtisserie : un renouvellement perpétuel dans un domaine où la concurrence est rude, et ce, bien que le concept de gâteaux trompe-l’œil soit encore peu exploré à Marseille.

« J’ai créé « Madame » en mars 2024, car j’ai vu qu’il n’y avait pas de trompe-l’œil à Marseille », relate la jeune femme, inspirée des grands noms du domaine, tels que le pâtissier renommé Cédric Grolet, ou la star des réseaux sociaux franco-algérienne Tema’s Cake.

« J’ai vécu beaucoup de galères avant d’en arriver là »

C’est ainsi que Souhila s’est spécialisée dans la création artisanale avec des saveurs bien réelles : vanille, fraise, pistache, pécan… Bientôt, des trompe-l’œil au melon et à la pêche seront disponibles.

Ses pièces sont vendues 14,50 € l’unité, ce qui suscite parfois des réactions mitigées, mais la pâtissière franco-algérienne assume pleinement ses tarifs :

« Je n’ai pas voulu dénigrer mon travail. Nous réalisons tout à la main, sans moules. Mettre en avant ce savoir-faire a un coût. Nous sélectionnons des produits de saison, bio, qui viennent de France et si possible du Sud ».

Souhila Aïssat n’hésite pas à se décrire comme « l’une des pâtissières les plus chères de Marseille », n’en déplaise aux détracteurs sur les réseaux sociaux : « Je n’y prête aucune attention ».

Il faut dire que pour la conforter dans ses certitudes, elle a une clientèle fidèle qui vient de Marseille, de Paris, de Bordeaux, des Bouches-du-Rhône, et même de l’étranger.

Aujourd’hui auréolée de succès, Souhila était loin de s’attendre à cela. C’est à l’âge de 16 ans qu’elle décide de se lancer dans la pâtisserie. Il faudra attendre 2023 pour décrocher son CAP de pâtisserie, en raison d’une vie de famille bien remplie avec trois enfants.

« J’ai fait des sacrifices et vécu beaucoup de galères avant d’en arriver là », confie-t-elle.

Une artisane voilée saluée par le maire de la ville

Avant d’ouvrir sa boutique, la pâtissière pratiquait le « click & collect » via les réseaux sociaux. Une stratégie qui s’avère payante étant donné le nombre de ses abonnés sur Instagram (13k).

Pour la création de son entreprise, la Marseillaise d’origine algérienne a tenu à mettre le respect du rythme familial au centre de ses intérêts. La boutique Madame n’ouvre d’ailleurs que l’après-midi, de 15 h 30 à 19 h 30, et jusqu’à 21 h l’été, des horaires qui devraient permettre aux mères de famille de déposer leurs enfants à l’école.

« On a des obligations en tant que mère de famille, donc on commence le travail après avoir déposé nos enfants à l’école », assure-t-elle.

Un choix qui s’apparente également à un acte de résistance, car Souhila Aïssat a aussi été victime de discriminations ciblant son voile : « J’ai été systématiquement rabaissée. Je l’ai très mal vécu. Ces épreuves m’ont donné encore plus l’envie de réussir et la niaque pour réussir ».

Si désormais elle n’a pas de « projets en particulier », elle n’exclut pas l’idée d’ouvrir des boutiques en Algérie, son pays d’origine.

En attendant, sa pâtisserie ne désemplit pas. Même le maire de Marseille, Benoît Payan, a tenu à la soutenir, bien qu’il n’ait pu se rendre à l’inauguration.

« La création d’une pâtisserie artisanale et haut de gamme à l’Estaque me réjouit particulièrement… En vous y installant avec votre savoir-faire, vous participez à la valorisation de ce quartier emblématique », lui a-t-il adressé dans un courrier.