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Les voyageurs algériens pris entre deux feux

Les voyageurs algériens pris entre deux feux

Photo par bignai / Adobe Stock

La France a drastiquement durci sa politique de délivrance de visas pour les ressortissants des trois pays du Maghreb, dont l’Algérie.

Déjà très difficile à obtenir, le document sera encore plus inaccessible aux demandeurs algériens au vu du quota fixé par les autorités françaises, soit 31 000 visas pour les prochains six mois, soit la moitié de ce qui a été délivré durant la même période de 2020. En 2018, le chiffre était 10 fois plus élevé, avec 293 000 visas délivrés par les trois consulats de France en Algérie.

Après la forte baisse de l’année 2020 induite par la crise sanitaire, il s’agit cette fois d’une restriction décidée et assumée par le gouvernement français. Annoncée mardi 28 septembre par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, la décision a été défendue ce mercredi par le ministre de l’Intérieur. « Tant que vous ne reprenez pas vos compatriotes, nous n’acceptons pas vos compatriotes ».

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Des laissez-passer pour les sans-papiers en échange de visas

La formule de Gerald Darmanin résume les motifs de la décision de la France : il s’agit d’une forme de pression sur les pays de la rive sud de la Méditerranée afin de les amener à délivrer des laissez-passer consulaires à leur ressortissants sans papiers pour faciliter leur reconduite aux frontières.

La décision française, intervenant dans un contexte de hausse vertigineuse du phénomène de la migration clandestine notamment vers les côtes espagnoles, constitue peut-être un tournant pour la mobilité des personnes entre les deux rives de la Méditerranée.

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On n’est plus dans la restriction conjoncturelle imposée par la pandémie de covid-19, mais dans un durcissement qui risque de s’inscrire dans la durée et d’avoir de graves conséquences sur la mobilité et la liberté de circuler.

Une décision disproportionnée

L’Algérie a déploré la décision qu’elle juge « disproportionnée » et « malencontreuse », d’autant plus qu’elle « intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspend et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière », a indiqué le diplomate algérien Amar Belani. En d’autres termes, l’Algérie ne refuse pas de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière et la question pourrait être réglée si les deux parties arrivent à « déterminer le mode opératoire ».

Un coup d’arrêt brusque à la mobilité

Un éventuel accord entre l’Algérie et la France ne signifierait néanmoins pas forcément le retour aux quotas de visas délivrés avant l’année 2019. Car, outre la très forte hausse du nombre de candidats à l’émigration clandestine, la question est devenue l’enjeu le plus important de la politique interne dans l’Hexagone.

Les autorités françaises sont sous la pression d’une extrême droite qui ne cesse de gagner du terrain grâce à l’instrumentalisation de la question de l’immigration. Certains analystes ont même reproché au président Emmanuel Macron d’avoir pris sa décision à quelques mois de l’élection présidentielle pour couper l’herbe sous les pieds du populiste Eric Zemmour, le probable candidat qui monte dans les sondages.

Des visas réservés aux élites ?

Quoi qu’il en soit, la décision de la France constitue un coup très dur pour les voyageurs algériens. Une grande partie du quota de 31 000 visas sera destinée sans doute aux étudiants, médecins et autres élites dans le cadre de la politique de « l’émigration choisie », toujours en vigueur.

Les autres catégories, notamment les malades, les touristes et les voyageurs pour des raisons familiales pourraient faire les frais de cette restriction drastiques. La présence d’une forte communauté algérienne en France a toujours été avancée comme un élément central qui fait que la relation entre les deux pays soit « privilégiée ».

Des mouvements importants se font chaque année dans les deux sens, des émigrés qui rentrent au pays, notamment pendant les périodes de vacances, et des Algériens qui se déplacent en France pour diverses raisons, notamment pour rendre visite à leurs proches établis dans ce pays.

Depuis quelques mois, les premiers peinent à rentrer à cause de l’insuffisance et de la cherté des vols et les seconds doivent désormais faire face à l’écueil du visa. Il s’agit d’un coup d’arrêt brusque porté à la mobilité entre les deux pays et plus largement entre l’Europe et les pays du Maghreb, sachant que la réglementation Schengen stipule que les Etats ne doivent pas délivrer de visa à un postulant déjà débouté par un autre pays membre.

Les autres destinations étant lointaines donc coûteuses, la frontière avec le Maroc fermée, il ne reste aux Algériens pour voyager que la Tunisie ou les routes migratoires clandestines, que les plus téméraires prennent par milliers ces dernières semaines.

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