Chirurgie esthétique en Turquie : son voyage tourne au cauchemar

Le tourisme médical en Turquie a le vent en poupe, car il permet d’accéder à des interventions de toutes sortes à des prix défiant toute concurrence / Par anatoliy_gleb / Adobe Stock

La Turquie est une destination touristique très en vogue pour différentes raisons. Mais le pays a développé ces 10 dernières années un tourisme médical intensif qui prend plusieurs formes. Tourisme dentaire, capillaire et depuis peu, chirurgie esthétique font fureur auprès de publics venus du monde entier.

Le tourisme médical en Turquie a le vent en poupe, car il permet d’accéder à des interventions de toutes sortes à des prix défiant toute concurrence. Les Européens en sont friands, puisque dans leurs pays respectifs certains actes sont extrêmement coûteux et non couverts pour les assurances de santé. Les packages intervention/prise en charge sur place proposés par des cliniques turques permettent de mettre en place des actes médicaux, voire de lourdes chirurgies, en un délai record.

Le prix à payer : mettre en danger sa vie

Malheureusement, ce fonctionnement a un coût invisible. Celui d’une approche médicale agressive, voire dangereuse. À l’image de l’expérience qu’a vécue Louise Bradley, une Britannique qui a subi une opération de “sleeve gastrique”, qui consiste à retirer une partie de l’estomac. Cette intervention favorise la perte de poids, mais est extrêmement délicate.

Louise Bradley a choisi de la faire pratiquer en Turquie, car elle était sur liste d’attente en Angleterre. À cause de son obésité, cette dernière avait développé de l’arthrite, l’opération de réduction de l’estomac revêtait donc une importance capitale pour elle. Une clinique turque lui a proposé de l’opérer rapidement pour la modique somme de £2000, soit environ 2332 euros. L’opération était accompagnée d’un hébergement all-inclusive dans un hôtel. La Britannique a donc accepté de se rendre dans le pays pour subir un sleeve gastrique.

Mais l’opération a très mal tourné. D’après le média Manchester Evening News, à qui la patiente s’est confiée, le chirurgien qui était supposé retirer 75 % de son estomac en a finalement retiré 92 % sans la prévenir. Cet acte a chamboulé l’organisme de Louise Bradley, qui n’est plus capable de manger ou de boire seule désormais. Elle vit avec une sonde nasale qui l’alimente.

La Britannique gardera des séquelles à vie

L’opération qu’a subie Louise Bradley n’est pas seulement un désastre, elle a failli lui coûter la vie. En lui retirant la majeure partie de son estomac, le chirurgien turc l’a condamnée à vie. La Britannique ne pourra plus jamais se nourrir par elle-même. Aucune nourriture, liquide soit-elle ou solide, y compris sa salive, ne peut être ingérée de manière autonome.

Après son opération, le chirurgien de la clinique en Turquie lui a expliqué que l’intervention avait été un succès et qu’elle pouvait rentrer en Angleterre sans problème. Pourtant, la patiente avait expliqué qu’elle se sentait mal après l’intervention, mais pour le chirurgien, la situation était normale. Lors de son voyage retour, Louise Bradley a perdu connaissance et a dû être hospitalisée en urgence en Angleterre.

C’est là que les médecins lui ont expliqué que 92 % de son estomac avait été retiré. Prendre l’avion dans ces conditions aurait pu lui coûter la vie. Face à l’urgence de la situation, l’équipe médicale anglaise a également dû lui retirer son œsophage, qui ne pouvait plus assurer sa fonction. Louise Bradley doit désormais sa survie à une sonde nasale. Elle subit de nombreux effets secondaires liés à cette nouvelle forme d’alimentation.

La jeune femme de 33 ans a été choquée de la tournure des événements et tente de prévenir l’opinion sur les risques de ce genre de projets. Louise Bradley n’est pas la seule à avoir vécu ce cauchemar. Le ministère des Affaires étrangères britannique estime qu’au moins 24 ressortissants britanniques sont décédés en Turquie dans le cadre de procédures médicales depuis janvier 2019.

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