Reprise des vols : bientôt la fin du cauchemar ?

Par Romolo Tavani / Adobe Stok

L’année 2020 est sans doute l’une des pires de l’histoire de l’aviation civile. Le trafic intercontinental a connu une baisse de 90% à cause notamment de la crise sanitaire qui est en passe de boucler sa première année.

Le trafic aérien a été le plus impacté par les mesures prises par les gouvernements de fermer les frontières et d’imposer des mesures restrictives pour venir à bout de la pandémie. Sur les 300 compagnies aériennes affiliées à l’IATA, l’association internationale du transport aérien, une grande majorité a vu ses avions cloués au sol depuis plusieurs mois déjà.

À titre d’exemple, en Algérie, les frontières sont fermées depuis le 17 mars dernier. Hormis quelques vols spéciaux opérés par Air France et ASL Airlines, le trafic aérien en Algérie est quasiment à l’arrêt. Les avions Air Algérie sont cloués au sol depuis huit mois. La compagnie aérienne nationale fait face à une grave crise financière et envisage une réduction des salaires pouvant atteindre 40% l’année prochaine. Mais hier, un député algérien a évoqué des « indices » d’une prochaine reprise des vols d’Air Algérie.

Au Maroc, la compagnie Royal Air Maroc a repris les vols spéciaux le 15 juillet dernier, mais la fréquentation reste faible du fait des nombreuses restrictions imposées un peu partout à travers le monde. Les touristes étrangers ne se déplacent pas malgré les incitations et les facilitations accordées par le gouvernement. La Tunisie, qui a ouvert ses frontières le 27 juin dernier, connaît une situation similaire.

La crise aurait-elle pu être évitée ?

Pour Alexandre de Juniac, président de l’IATA, la réponse est oui. Invité cette semaine de l’émission Podcast aviation, il a estimé qu’il aurait fallu tester massivement et empêcher les personnes infectées de voyager plutôt que de fermer carrément les espaces aériens condamnant ainsi tout un secteur à l’arrêt des activités.

Sur ce même registre, Alexandre de Juniac a regretté le manque de coordination entre les États. Les mesures de confinement et de fermeture ont été prises de manière unilatérale. Pour le responsable du trafic aérien international, les gouvernements auraient dû se concerter notamment en Europe.

Des mesures concertées auraient peut-être pu éviter l’arrêt du trafic aérien. En testant un grand nombre de passagers de sorte à s’assurer de n’avoir que des personnes saines à bord des avions, on aurait pu éviter la crise que vit le secteur actuellement.

Bientôt la fin du cauchemar ?

Malgré la situation difficile, le président de l’association internationale du transport aérien est plutôt optimiste. Alexandre de Juniac est confiant quant à une reprise progressive dans les prochains mois.

Pour Alexandre de Juniac, le secteur a touché le fond et peut désormais entamer la remontée. Il veut pour preuve la reprise du réseau domestique en Chine, premier épicentre de l’épidémie, qui a repris à hauteur de 95% par rapport à 2019 avant la crise sanitaire.

Autre exemple encourageant, la reprise du trafic domestique en Amérique du Nord. Le responsable estime qu’avec la fin de la deuxième vague et l’arrivée des vaccins, une reprise est envisageable dès le début 2021.

Transport des vaccins : le plus grand défi du 21e siècle

Si l’annonce de l’arrivée des vaccins est une bonne nouvelle pour la reprise du trafic aérien, l’acheminement des milliards de doses prévues pour l’année prochaine n’est pas une mince affaire.

Le président de l’IATA a fait savoir que le transport du vaccin doit se faire dans certaines conditions très particulières. Certaines doses doivent être stockées dans des températures de -80°.

Pour cela, l’association internationale du trafic aérien travaille depuis des mois avec toutes les parties prenantes pour mener à bien cette mission extrêmement difficile et tant importante pour l’humanité.